ANNE ET PATRICK POIRIER

2000 – FRANCE

Par Anne et Patrick Poirier

De paysages en paysages, de ruines en jardins, notre voyage est une suite d’errances. Ce long voyage sans carte au pays de la Mémoire et de l’Oubli a commencé il y a plus de 30 ans, et continue encore. Voyage au cours duquel nous découvrons, par étapes successives, le “Genius Loci”, le Génie des lieux traversés. Chacun chargé de sa propre mémoire dégageant ses propres vibrations, nous inspire des travaux particuliers. Le monde devient pour nous une immense aux espaces communiquant par des portes secrètes. La dernière étape de ses errances se situe dans le parc Régional Tournay-Solvay. Le visiteur y découvrira, au cours de sa promenade, la cabane de l’archéologue. Il se perdra dans le cerveau-labyrinthe, regardera le paysage à travers le grand cadre du temps. A l’aide de 3 longues-vues dispersées dans le parc, il scrutera, minuscules et lointains, les paysages oubliés du pays des errances.

Voyages rhizomiques, par Jean-Pierre van Tieghem :

Un jour Anne et Patrick Poirier se rendirent devant l’oracle de Trophonios à Lébadée. Près de l’oracle existait deux sources : celle d’Oubli, Léthé, et celle de Mémoire, Mnémosyne. Ils se sont abreuvés surtout à la deuxième. Le trajet de leur mémoire remonte à la deuxième guerre mondiale autour de décombres et de destruction. Plus tard, ils découvrent d’autres ruines et proposent aux spectateurs d’en faire la fiction et d’en lire les hiéroglyphes imaginaires. Ils sont des chercheurs de traces, des inventeurs de vestiges. Des jardins sont abandonnés, des villes envahies par des forêts, des sculptures écroulées. Les cicatrices de civilisations sont partout mais n’ont rien à voir avec un recensement archéologique. C’est un labyrinthe où se croisent les traces d’hier et d’aujourd’hui, d’ailleurs et d’ici. Le temps est un ossuaire de pierres, de bois, d’empreintes, gardés dans une cabane ou dans une chambre. Aucune indication n’en signale les origines. Ce sont des tours de silence et de solitude recouvertes de fleurs et de feuilles. Des mythes se rencontrent, parlent et dialoguent avec le présent dans une constance poétique et utopique. Souvent, Anne et Patrick Poirier participent aux conversations et les inscrivent dans leurs images. Ils proposent des archéologies de la mémoire, des archives de l’architecte, des carnets de fouilles, des écrits en mouvement. L’esprit transforme le sensible en signes dans une pluralité de lectures. Les dessins et les photos sont ouverts aux sens et aux histoires. Des voutes se sont mises à osciller, les piédroits se fissurent, les colonnes et les piliers tombent et se cassent dans un étrange désordre allégorique. Il faut en percer peu à peu le secret, car ne subsistent que les pierres qui sont un monde à elles seules dans leur dédale depuis leur noyau massif et muet jusqu’aux innombrables fissures ouvertes à l’imagination. Les décryptages sont passionnants. Anne et Patrick Poirier sont des arpenteurs de l’inexactitude qui révèle une poésie inconnue. L’émotion d’abime dépasse toute certitude. Simplement elle est. Aristote dirait, en entéléchie.

Le saule est l’élément de construction de base, c’est celui qui fixe la dynamique des branches de saule et par delà, de la sculpture.

La dualité des deux matériaux, de part la rigidité de l’un et la souplesse de l’autre provoque la vibration de la sculpture.

Le mouvement ou la forme est accentué(e) par l’espace extérieur.

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