JAUME PLENSA

Jaume Plensa est l’invité de l’Espace Européen pour la Sculpture à l’occasion de la Présidence espagnole du Conseil de l’Union Européenne en 2002 dans le Parc régional Tournay-Solvay et la Villa blanche.

Jaume Plensa par Oriol Pi de Cabanyes

Plensa ou l’identité en tant que transformation

Plensa, de même que Lulle, Gaudi ou Miro, tient beaucoup d’alchimiste. Son bouillon intérieur – son évolution – est orienté par la formule Solve et Coagula (dissous-toi et coagule-toi), analyse ce que tu es, dissous tout le plomb que tu portes au corps, même si tu te romps en mille morceaux, et coagule-toi grâce à la force interne de ce processus de transformation. L’argument essentiel de son œuvre est la description d’une crise – permanente – de son identité. ou plutôt, la plasmation de la crise, tellement postmoderne, de l’idée d’identité.

L’égo artistique de Plensa se désagrège et se multiplie et s’affirme dans les mutations. De la même manière que ce totem des ancêtres – nouvelle échelle de Jacob – donne matérialité aux esprits absents. Dans le même parc Tournay-Solvay de Bruxelles, Plensa aussi, empreint d’une émotion toute romantique, a posé une clôture autour de la résidence phantasme du seigneur absent? Ou bien il a planté une maisonnette avec de nombreuses portes, métallique, comme s’il s’agissait d’un piège pour l’esprit. N’importe quel artéfact est toujours, platoniquement parlant, une empreinte d’idée, une incarnation d’un concept. Dans ce cas-ci, la communication.

Jaume Plensa proportionne formes à l’idée d’identité en tant que transformation. Evola écrivait dans Tradizione Ermetica : “Notre œuvre est la conversion et le changement d’un être en un autre être, d’une chose en une autre chose, de la faiblesse en force, de la corporéité en spiritualité.” Par le biais de son œuvre, Plensa se pose la triple question métaphysique : qui suis-je ?, d’où viens-je ?, où vais-je ? Et comme réponse, il donne du volume – avec force et sagesse – à son propre processus. L’alchimiste ne s’intéresse pas pour arriver à aucun terme. Ce qui l’intéresse surtout c’est le chemin.

Oriol Pi de Cabanyes, écrivain et directeur du COPEC (Consortium pour la promotion de la culture catalane à l’étranger)

Jaume Plensa par Jaume Plensa, Barcelonne 2000

Chaque être humain est un “lieu”. Chaque femme, chaque homme, chaque enfant, chaque vieillard est un espace habitable en soi-même qui se déplace et se développe; un “lieu” dans le temps, la géographie, le volume et la couleur.

Villes entières construites avec des corps qui s’ouvrent et se ferment comme des portes. Lumières clignotantes. Chaque fois qu’un être humain meurt, une maison se ferme et on perd un “lieu”. Mon œuvre est sa mémoire. La fixation surgelée d’autant de corps en se développant et disparaissent dans la fugacité de la lumière.

Mon œuvre est son volume.

https://jaumeplensa.com/